Il existe plusieurs types d’orphelins au Congo. Les enfants ayant perdu leur mère sont généralement élevés par leur père remarié. La plupart du temps les rapports qu’ils entretiennent avec cette belle-mère sont conflictuels, ce qui pousse à la fugue et à l’abandon du foyer familial. Les enfants ayant perdu leur père sont généralement récupérés par un oncle ou une tante plus aisée que le défunt. Dans ce cas de figure, l’enfant se voit protégé d’une misère certaine le mettant à l’abri de l’échec scolaire ou de la malnutrition. Dans certains cas de figure, suivant les rites et coutumes de la tribu du défunt, la mère garde ses enfants près d’elle, prend un emploi ou se lance dans l’autoentrepreneuriat et s’efforce d’élever ses enfants de la manière la plus digne possible. En 60 ans d’indépendance, l’État congolais n’a pas développé des mécanismes sociaux pouvant venir en aide à tous ces malheureux. Il ne les comptabilise pas. Il n’alloue pas de sommes d’argent destinées à pallier l’apport du père manquant, de la mère ou des deux parents. Ces sommes pourraient servir à construire au minimum deux orphelinats par province, ce qui ferait un total de 52 établissements gérés par les autorités locales. Nous espérons que cet article incitera le ministère des Affaires Sociales à entreprendre des projets allant dans ce sens. Dans la province de Kinshasa, les orphelins de tous horizons peuvent se rapprocher des structures que nous avons identifiées. Il s’agit pour la plupart d’associations à but non lucratif et de fondations accueillant chacune leur part du lot de mineurs errant dans les rues. Le confort des installations y est rudimentaire. L’accès à l’eau potable et à l’électricité est une lutte du quotidien. Dans ces orphelinats, il arrive parfois que la nourriture vienne à manquer par faute de financement stable.
Il y a cependant des orphelins “complets" ayant perdu leurs parents au cours d’un accident ou lors d’un des nombreux conflits armés qui jalonnent la ligne du temps de l’histoire de notre pays. Dans ce cas de figure, les chances de retrouver ces enfants dans les rues de nos grandes villes sont élevées.
La dernière catégorie d’orphelins sont les enfants abandonnés par leurs parents pour cause de misère ou de sorcellerie. Ces enfants sont alors rejetés à la fois par les parents et par leurs deux familles élargies.
Être orphelin ou orpheline au Congo représente l’une des pires conditions sociales. Bon nombre de petits garçons deviennent des jeunes hommes versant dans le crime. Bon nombre de petites filles se lancent dans la prostitution dès l’apparition de leurs attributs féminins. Trouvons collectivement une méthode qui permettra à notre société d’offrir le grand air et la verdure à ces enfants. Le gîte et le couvert sans humiliation ni mépris. Tel est le défi social que nous comptons relever.